La rupture de la coiffe des rotateurs

C'est quoi, la "coiffe des rotateurs" ?

Imaginez que la tête humérale est comme une sphère. Pour la faire bouger dans tous les sens, elle est recouverte par une sorte de "manchon" formé par quatre tendons principaux : le sus-épineux, le sous-épineux, le sous-scapulaire et petit rond, on y associe aussi le long biceps. Cet ensemble de tendons constitue la coiffe des rotateurs. C'est le moteur de votre épaule, il vous permet de lever le bras, de le tourner, et de le positionner dans l’espace.

Pourquoi ces tendons se déchirent-ils ?

Une rupture, c'est tout simplement une déchirure dans ce "manchon" tendineux. Cela peut arriver de deux manières :

1. Suite à un accident (rupture traumatique) : Une chute sur l'épaule, un effort violent pour soulever quelque chose de lourd... Le tendon se déchire d'un coup.

2. Suite à l'usure (rupture chronique) : C'est la cause la plus fréquente. Avec le temps, les gestes répétés, les tendons peuvent s'user, s'effilocher un peu comme un vieux tissu, jusqu'à se rompre.

Une fois déchiré, le tendon n'est plus attaché à l'os. Résultat : vous avez mal, vous manquez de force, et certains mouvements deviennent difficiles voire impossibles.

L'opération : quand et comment ?

On n'opère pas systématiquement ! La chirurgie n'est envisagée que si les autres traitements n'ont pas réussi à vous soulager : le repos, la rééducation chez le kiné, les infiltrations.

Le but de l'opération est simple : on va réinsérer le tendon déchiré, sur l'os, là où il devrait être.

Pour cela, on utilise une technique moderne et peu invasive : l'arthroscopie.

• Pas de grande ouverture : Au lieu d'ouvrir l'épaule, on fait 4 ou 5 petites incisions de la taille d'une boutonnière.

• Une caméra pour tout voir : On introduit une mini-caméra dans l'articulation pour analyser la déchirure et procéder à sa réparation.

• Des instruments adaptés : Par les autres petites incisions, on passe des instruments fins pour nettoyer la zone et réparer le tendon.

Pour refixer le tendon, on utilise des ancres que l’on fixe dans l'os. Des fils très solides attachés à ces ancres passent ensuite à travers le tendon pour le refixer fermement contre l'os.

L'objectif final est de vous débarrasser de la douleur, de vous faire retrouver la mobilité et la force, mais aussi de préserver votre articulation pour éviter qu'elle ne se dégrade avec le temps (arthrose).

Et après l'opération ? La convalescence

C'est une étape cruciale qui demande de la patience !

• Le temps de cicatrisation : Le tendon met environ 6 semaines pour se réintégrer à l'os. C'est comme de la colle qui doit sécher. Pendant cette période, il est déconseillé de bouger activement votre bras.

• L'immobilisation : Vous porterez une attelle (une écharpe spéciale) jour et nuit pour protéger la réparation.

• La rééducation : Elle commence doucement avec votre kiné vers la 3ème semaine pour éviter que l'épaule ne s'enraidisse, mais toujours sans forcer sur le tendon réparé.

• La récupération complète : Il faut être patient, le chemin est long. Comptez environ 6 mois pour retrouver une épaule solide et fonctionnelle.

Quels sont les risques ?

Comme pour toute opération, il y a des risques, même s'ils sont rares avec cette technique :

• La capsulite (ou algodystrophie) : C'est une réaction inflammatoire, l'épaule devient très raide et douloureuse. C'est imprévisible et la rééducation pour s'en sortir est longue.

• Une nouvelle rupture : La réparation peut lâcher, soit spontanément, soit après un nouveau choc. Si cela arrive et que c'est douloureux, une nouvelle opération peut être discutée.

• Les risques classiques : Infection (très rare sous arthroscopie), hématome, ou réaction à l'anesthésie. Nous prenons toutes les précautions pour les éviter.